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7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 13:45

Le syndrome de Mac Cune Albright (SMA ou MCAS) est une pathologie qui combine une dysplasie fibreuse des os, des taches cutanées de couleur café au lait et une puberté anormalement précoce (endocrinopathie d’hyperfonctionnement). Il s’agit d’une maladie extrêmement rare qui touche entre 1 personne sur 100 000 et 1/1 000 000. Apprenez-en davantage sur cette maladie orpheline dans cet article.

Définition

Le syndrome de McCune-Albright est une maladie rare dont il est difficile de connaître avec précision l’incidence. On sait simplement que les filles sont plus concernées que les garçons par le SMA.

La sévérité de la pathologie dépend :

  • d’une part du site concerné ;

  • d’autre part du moment auquel la mutation génétique qui en est responsable est survenue au cours de l’embryogenèse.

En effet, une mutation tardive entraînera des troubles tissulaires localisés et seulement 2 ou 3 manifestations d’hyperfonctionnement cellulaire, ce qui reste relativement peu en comparaison des nombreux troubles dont peuvent être victimes les patients chez qui la mutation a été précoce.

Le pronostic vital des patients est parfois compromis en cas de troubles particulièrement graves du rythme cardiaque (par mort subite), de dysplasie fibreuse sévère (par insuffisance respiratoire ou cardiaque en cas d’atteinte du thorax et du rachis). Le risque est aussi lié à certains traitement, une ablation des glandes surrénales pouvant entraîner une insuffisance surrénale aiguë.

Causes

Le syndrome de McCune Albright est dû à des anomalies chromosomiques responsables de mutations génétiques affectant le gène GNAS. Plus précisément, le syndrome est dû à des anomalies de la protéine Gs. Cette protéine régule l'AMPc (adénosine monophosphate cyclique), un nucléotide essentiel dans la régulation des principales fonctions biologiques. La mutation de GS (qui ne peut plus être inactivée) se traduit donc par une augmentation de la concentration intracellulaire d’AMPc et donc par un hyperfonctionnement hormonal avec tous les symptômes que cela suppose.

La gravité du SMA dépend de la prolifération, de la migration et de la survie des cellules dans lesquelles la mutation a eu lieu durant le développement embryonnaire.

Cette pathologie n’est pas génétiquement transmissible.

A noter : certains scientifiques estiment que le syndrome de McCune Albright a une origine environnementale, c’est à dire qu’il serait dû aux perturbateurs endocriniens présents dans notre environnement.

Symptômes

Le syndrome de McCune-Albright se caractérise par trois symptômes majeurs : une dysplasie fibreuse des os, des taches de couleur café au lait et une puberté anormalement précoce.

Dysplasie fibreuse des os

La dysplasie fibreuse des os est la composante pathologique la plus fréquemment retrouvée en cas de syndrome de McCune Albright (environ 2,5 % des dysplasie fibreuses des os sont dues au SMA). Il s’agit d’un trouble dans lequel l’os normal est remplacé par un tissu fibreux.

Elle peut toucher diverses zones et elle entraîne une boiterie, des douleurs et, dans certains cas, une fracture pathologique.

En général, on retrouve également une scoliose qui a tendance à dégénérer au fil du temps.

Taches cutanées

Il s’agit de taches de couleur café au lait qui font leur apparition au cours de la période néonatale ; toutefois elles retiennent généralement assez peu l’attention des médecins. Elles peuvent devenir progressivement de plus en plus apparentes, au fur et à mesure que le syndrome s’installe.

Cette hyperpigmentation pose essentiellement des problèmes d’ordre esthétique puisqu’elle ne se traduit par aucun autre symptôme pathologique.

Puberté précoce

On parle de puberté précoce lorsque des signe pubertaires font leur apparition avant l’âge de 8 ans chez les filles et avant l’âge de 9-10 ans chez les garçons.

Bon à savoir : la puberté précoce retrouvée dans le syndrome de McCune-Albright s’observe beaucoup plus souvent chez les filles (9 filles pour 1 garçon) car l’activation autonome des ovaires est plus courante que l’activation autonome de la fonction testiculaire.

La puberté précoce qui accompagne le SMA se traduit par :

  • chez les filles, parfois dès les premiers mois de la vie, des saignements vaginaux (métrorragies), le développement précoce du tissu mammaire, des kystes ovariens récidivants (ils sont sécréteurs d’œstradiol, une hormone qui intervient dans le développement et le maintien des caractères sexuels primaires et secondaires) ;

  • chez les garçons, un élargissement des testicules et du pénis.

Cette puberté précoce, qui est l’anomalie la plus fréquemment repérée en cas de syndrome de McCune Albright, se traduit notamment par un comportement sexuel précoce et par une accélération de la vitesse de croissance des cartilages de croissance avec des risques élevés de taille réduite à l’âge adulte.

L’évolution de ces symptômes est très irrégulière.

Autres troubles

D’autres troubles hormonaux (ou non) sont souvent retrouvés :

  • excès d’hormone de croissance (ou GH), le syndrome de Mac Cune-Albright étant une des premières causes d’acromégalie chez l’enfant ;

  • hypersécrétion de prolactine (hormone qui simule la lactation) qui est systématique en cas d’acromégalie ;

  • hyperthyroïdie qui se retrouve au cours de l’enfance avec la présence de nodules et parfois même d’un goitre ;

  • syndrome de Cushing (au cours de la première année de la vie).

  • La moitié des patients présente une atteinte rénale, ce qui entraîne notamment une hyperphosphaturie (élimination excessive de phosphate en raison d’un défaut de réabsorption au niveau des reins). On retrouve donc en parallèle une hypophosphatémie (diminution du taux de phosphate dans le sang) qui constitue un facteur de risque de petite taille voire de rachitisme en l’absence de traitement.

  • Par ailleurs, on observe souvent une atteinte hépatique chronique avec des anomalies telles qu’une élévation des transaminases, un ictère (jaunisse) à la naissance, une cholestase chronique ou une stéatose.

  • Enfin on peut retrouver des troubles du rythme cardiaque, une tachycardie notamment (qui peut être augmentée en cas de trouble thyroïdien associé), et une cardiomégalie.

Remarque : le syndrome de Mac Cune Albright est accusé d’être responsable de certaines morts subites du nourrisson par arythmie.

Diagnostic

L’âge d’apparition des premiers symptômes est variable : les patients atteints les plus sévèrement présenteront des troubles dans les premiers mois ou premières années de vie tandis que ceux présentant peu d’anomalies endocriniennes seront diagnostiqués plus tardivement au cours de l’enfance. De fait, l’âge auquel est posé le diagnostic de SMA n’est pas le même chez tous les patients.

Le diagnostic de syndrome de McCune-Albright repose essentiellement sur l’observation clinique.

Une fois que le SMA est suspecté, des analyses permettent de la confirmer :

  • des radiographies mettent en évidence la dysplasie ;

  • une tomodensitométrie peut donner à voir une augmentation du volume des glandes surrénales (pour mettre en évidence un syndrome de Cushing) ;

  • une échographie :

    • pelvienne pour repérer d’éventuels kystes ovariens (souvent d’un seul côté et particulièrement volumineux) ou des anomalies des testicules,

    • thyroïdienne ;

  • une biopsie (osseuse ou folliculaire) visant à analyser le gène GNAS peut être programmée si le diagnostic clinique n’est pas encore établi avec certitude (elle est inutile dans le cas contraire).

  • Bien qu’un test génétique soit possible, il n’est habituellement pas disponible en dehors de centres spécialisés. Cela impose donc aux équipes médicales de connaître suffisamment bien le syndrome de McCune Albright pour pouvoir l’évoquer face aux symptômes qu’il donne à voir.

Traitement

Le traitement du syndrome de McCune Albright consiste à prendre en charge les différents aspects de la maladie.

Traitement de la dysplasie fibreuses des os

Le traitement de la dysplasie osseuse consiste essentiellement à traiter les fractures et les déformations.

On fait également en sorte de limiter les douleurs avec des antalgiques et des bisphosphonates qui aident à consolider les os.

On peut parfois envisager de procéder à une greffe de moelle osseuse ou à la pose de matériel orthopédique destinée à consolider les os et prévenir les fractures.

Bon à savoir : d’autres traitements de la dysplasie fibreuse des os sont actuellement à l’étude, notamment des anticorps monoclonaux.

Traitement de la puberté précoce

La prise en charge de la puberté précoce consiste à mettre en place un traitement par agoniste de GnRH (gonadotrophine releasing hormone) une hormone qui permet à l'hypothalamus de stimuler l'hypophyse. On utilise la triptoréline avec Décapeptyl® ou le leuproréline avec Enantone. Ces traitements sont généralement envisagés lorsque la puberté précoce se complique d’une exagération des sécrétions hypothalamo-hypophyso-gonadiques (avec augmentation de la libération d’hormones sexuelles : les stéroïdes).

On va également faire en sorte de bloquer la production d’œstradiol avec la testolactone (Fludestrin® 50 mg), un inhibiteur de première génération ou avec le létrozole (Femara®) ou l’anastrazole (Arimidex®) qui sont plus simples à prendre (une prise orale quotidienne).

Bon à savoir : des études sont en cours avec des anti-œstrogènes tels que le tamoxifène (Nolvadex®) mais aucun de ces traitements ne dispose d’AMM spécifique au syndrome de McCune Albright à ce jour.

Traitements des troubles annexes

Pour ce qui est de l’acromégalie, on a recours à des traitements spécifiques comme l’octréotide (Sandostatine®) ou le lanréotide (Somatuline®) ; on peut aussi utiliser des antagonistes du récepteur de la GH avec le pegvisomant (Somavert®) souvent en association avec un agoniste de la dopamine : la cabergoline (Dostinex®).

En cas de kyste ovarien particulièrement volumineux, une ablation chirurgicale est parfois indiquée. De même en cas de syndrome de Cushing on procède généralement à l’ablation des glandes surrénales.

Bon à savoir : la radiothérapie et/ou la chirurgie des adénomes hypophysaires sont rarement entreprises en raison des difficultés liées au remodelage très fréquent au niveau de la base du crâne dû à la dysplasie fibreuse.

Le traitement doit également comporter une prise en charge de l’hypophosphatémie afin d’éviter les risques de rachitisme. Une complémentation en phosphate doit donc être envisagée.

Suivi clinique

Un suivi clinique des patients est indispensable. Il repose sur la connaissances des différentes anomalies rencontrées dans le cadre du syndrome de Mc Cune Albright.

Il faut régulièrement s’assurer de la tolérance des traitements, notamment au niveau hépatique, car certains médicaments sont très puissants.

De même, lorsque certains traitements chirurgicaux ont été évités (par exemple en cas de kyste ovarien), une surveillance échographique est nécessaire pour prévenir les évolutions et les risques qu’elles pourraient entraîner.

Par ailleurs, les conséquences du SMA sont nombreuses (puberté précoce, petite taille adule, etc.) avec tous les problèmes psychologiques et sociaux qui en découlent, d’où l’importance d’un suivi psychologique associé au suivi médical.

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